Day 304: La Paz & Condoriritrek (5’350m)

Après un nouveau trajet en bus de nuit, nous arrivons vers 10h à la frontière bolivienne à Desaguadero. Elle grouille de gens et nous nous mettons en file qui s’étend de la toute petite maison douanière péruvienne à travers tout le marché local. Les artisans vendent du ceviche, des ‘salteñas’ boliviennes (pâte farcie de viande, légumes et œufs), des salades, des légumes et fruits à ne plus en finir – et tout cela à presque 3900m d’altitude et quasiment au bord du lac Titicaca.

Nous attendons finalement deux fois une heure pour tout d’abord sortir du Pérou et ensuite entrer en Bolivie. Pour tuer le temps, nous parlons un bon moment avec deux camionneurs boliviens qui passent cette frontière tous les deux jours – y compris les heures d’attentes ! Puis, à 15h, nous arrivons enfin à La Paz. Par contre, rien à voir de la soi-disante « paix ». Les routes sont bouchées et le bus ne peut même pas entrer dans le terminal en raison d’une fête universitaire et divers défilés dans les rues. La musique anime la ville et les boliviens dansent, mangent et se parent de toutes les couleurs pour notre arrivée.

Une fois installés au centre-ville, nous partons à la chasse de quelque chose de bon à manger; nous sommes affamés. Etant donné que deux de nos bons amis voyageurs sont tombés malades en Bolivie dont un assez gravement lors de son passage en 2014, nous décidons que la Bolivie sera le seul pays de notre voyage où nous éviterons de manger dans les rues. Même si c’est tentant par moment. Cela ne manque pas: les jours à venir, nous rencontrons plusieurs personnes qui nous parlent de leur journées passées au lit ici… et le mot «Titi-CACA » prend d’un coup tout son sens :-)...

Les jours à venir, nous profitons de nous informer sur ce qu’il y a à faire dans la région. Peu après, nous partons directement pour un trek de trois jours dans la « Cordillera Real » à deux heures de La Paz. Des cinq randonnés que nous avons faites, celui-ci est définitivement le plus intense. Le premier jour, nous passons de 4400m au sommet du Pico Austria à 5350m, une première pour nous deux. C’est bien intense, Yvonne est heureuse d’arriver en haut – elle sent bien la différence, au-dessus de 5’000m tandis que Yann grimpe « la cumbre », la pointe, tel un natif de la région.

La nuit, nous la passons sous tente à 4600m, juste à côté de la Laguna Chiar Khota. Qu’est-ce qu’il fait froid ! Heureusement que nous avons loué un sac de couchage en plumes dans lequel nous réchauffons nos pieds gelés malgré les incroyables chaussettes en laine de mouton que nous avions achetées au Pérou. Au petit matin, Yvonne doit même enlever une couche de vêtement, tellement elle a eu chaud – quelle blague. Le lendemain, des alpinistes espagnols (ayant d’ailleurs vécu un moment en Suisse – le monde est petit) nous disent qu’il avait fait entre -5 et -10 °C pendant la nuit – quand-même !

Le jour suivant, nous nous baladons tous seuls avec le guide à travers les montagnes. Une quantité de llamas et alpacas nous suivent du regard pendant qu’ils broutent tranquillement leur herbe archi-sèche. Pendant tout le trek, nous ne voyons aucune indication de chemins ou d’altitude ce qui fait que nous sommes contents d’avoir un guide local, Bladimir. Nous passons deux fois les 5000m avant d’arriver en fin d’après-midi dans une petite pleine. Dont non pas loin se situe une ancienne mine de cuivre désaffectée depuis bientôt 30 ans. Le fait d’être seuls dans une nature pratiquement inhabitée nous donne un sentiment de liberté énorme et nous nous demandons comment les éleveurs d’alpaca et llamas survivent dans ces conditions… Ces derniers doivent certainement aussi être une partie de la raison pour laquelle les boliviens sont très directs, parlent peu et paraissent, en tout cas en altitude, plutôt renfermés sur eux-mêmes.

Après un autre passage à 5150m, le troisième jour, nous arrivons au but de notre trek – yeah ! Qu’est-ce que nous nous réjouissons d’une douche chaude, car nous en avons bientôt assez du froid depuis le temps, de notre passage en Equateur, au Quilotoa… Puis nous rentrons à la capitale économique du pays, Sucre restant la capitale officielle.

Autant que nous avons fêté le jour de l’indépendance péruvienne le 28 juillet avec un bon ceviche de trucha du lac Titicaca, autant nous décidons de passer le 1er août chez un fribourgeois qui tient un restaurant suisse au centre de La Paz: Le Swissfondue. Pendant que Yann plonge une fourchette dans sa première fondue depuis presqu’un an et demi, Yvonne reste fidèle à ses origines en dégustant un «Zürcher Gschnätzlets mit Röschti und Gmües» à la mode romande. Hmmm…

Pour nous préparer à notre future destination, nous testons aussi un steak house argentin (excellent) et devenons accros aux cafés et soupes à base de quinua (oui, avec ‘u’ - le quinoa étant originaire des Andes) de notre « Stammhaus », le Café del Mundo, tenu par une suédoise ayant voyagé dans plus de 100 pays – un esprit qui nous parle beaucoup. Plus notre voyage dure, plus le café presque quotidien, monte en importance pour Yvonne, à savoir qu’elle ne buvait pas de café avant le voyage – et autant que les visites des « must-sees » deviennent secondaires. Comme quoi, on change probablement un tout petit peu en voyageant….