Day 373: Baleines à bosses à Rurutu (Australes)

Nous voilà de retour sur Papeete après un périple intense nous ayant mené des îles Sous-le-Vent aux Tuamotous. Les yeux pétillants nous retrouvons Fabby et la colloc, encore sous le choc de ces découvertes... Les retrouvailles sont intenses et chaleureuses, nous ne nous sommes pas vus durant trois semaines tout de même.

Ce n'est pas tout mais nous avons encore une étape, et pas des moindre, ce sera le highlight de notre visite en Polynésie. Demain, à 06:00 du matin nous nous envolerons pour Rurutu! Vous n'avez probablement aucune idée de ce que celà représente, nous en sommes presque certains. Eh bien cette île, appartenant aux Australes et possédant les même propriétés "anatomique" que l'Afrique, propose une activité pratiquement unique au monde!

Nous partons donc à 04:30 du matin de la colloc en direction l'aéroport de Faa'a pour l'avant-dernière fois. La dernière étant notre futur départ pour de nouvelles aventures. Grâce à Brian, notre nouvel ami polynésien, nous n'aurons pas besoin de payer un taxi pour l'aéroport. A ce propos il faut savoir que les taxis à Tahiti sont une énorme mafia, c'est hors de prix, cependant ils auraient tort de s'en priver l'île ne proposant pratiquement pas de transports publics. Bon bref - incartade terminée - nous arrivons à l'heure pour notre avion et nous envolons direction de cette petite île plus au sud... et purée, c'est loin. L'archipel est situé à plus de 570 m au nord de Tahiti, autant vous dire que nous serons une fois de plus perdus au milieu du Pacifique!

A notre arrivée, notre émotion est à son comble! Eh oui, nous y sommes, cette île étant 'un des point clé de notre voyage! Nous y sommes accueillis par notre hôte Remana qui est probablement la personne la plus adorable de notre voyage.
Les tics de langages sont symptômatiques du rythme de vie insulaire (je ne sais comment retranscrire l'accent polynésien):
- Bonjouuuur, vous êtes bien Yvonne et Yann?
- Oui c'est nous.
- Je suis le tenancier de la pension TEMARAMA (dit-il en nous passant des énormes colliers de fleurs autour du coup)
- Aaaah, super c'est gentil, mauruuru!
- Nous pouvons y aller quand vous voulez.
- Parfait
-  Ok aloooooors... (il s'agit ici d'une expression clé des polynésiens)
 
Ensuite la question nous taraude: est-ce que l'activité mondialement connue de l'île sera pratiquable...? Allez je me lance:
- Dites-voir, savez-vous si elles sont-là?
- Remana: Oooooh oui, c'est sûuur je les ai vues ce matin encore!

Ooooh mon dieu, nous allons donc pouvoir le faire. Les émotions montent, le rythme cardiaque s'accélère, nous sentons l'adrénaline monter mais devront attendre encore un tout petit peu. L'après-midi, nous rencontrons Hervé de l'agence Tareparepa et programmons notre première sortie pour le lendemain matin. Cerise sur le gâteau: nous serons les deux seuls cients!
 
Lendemain matin, nous nous levons aux aurores, le sommeil est difficile car l'excitation est intense. Nous retrouvons Hervé et son capitaine, je lui demande s'il est envisageable de lui emprunter deux kilos ce qu'il fait sans hésiter et nous partons sur le bateau, scruter l'horizon à la recherche de notre promise.

Un peu plus loin du port, nous sommes sorti de nos rêveries par un énorme: "pffffffffffff"... elle est là. Nous la voyons et n'arrivons pas à y croire: à moins de 10m de notre coquille en alluminium, ce mammifère incommensurable se balade tranquilement, son petit sur le "côté récif" de l'océan. Hervé nous explique alors qu'elle est certainement en train de protéger son petit des mâles, eh oui, tout comme nous autre mammifères, ils veulent la femelle pour eux tout seul! Ils auront donc tendance à séparer le petit de sa mère dans le but de convoler en amoureux sans interférence. Nous devrons donc attendre qu'elle se calme.

Nous perdons sa trace, elle sonde et nous quitte en trois coup de nageoire caudale gigantesque.
Il nous faudra presque deux heures pour les retrouver de l'autre côté de l'île! Hervé, je n'ose même pas le réaliser à cet instant, se glisse dans l'eau, nous demande d'attendre, observe et finalement nous donne le OK de le rejoindre dans l'eau. 
 
 Nous enfilons notre équipement, mes palmes de chasse chaussées, et nous glissons le plus doucement du monde dans l'eau du lagon. Mettons notre face dans l'eau, rejoignons Hervé, lorsque soudain en tournant la tête: elle est là, énorme, majestueuse, son petit à côté d'elle ne nous calcule pas encore.


- Mais dit-nous quoi, bon dieux!!!
- Je suis certain que vous aurez deviné: "L'empératrice des mers, du moins pour nous à ce moment précis: une baleine à bosse (humpback whale), est juste à côté de nous."

Cependant cette fois nous sommes dans l'eau, avec elle, la vision est irréelle. "Elle" est tellement grande qu'elle pourrait tout simplement nous couper en deux juste avec sa caudale.

A partir de ce moment-là, la séance d'apnée est ouverte... le lagon s'y profile parfaitement ayant 12-14m de fond et visibilité parfaite, baleine et balaineau étant tranquilles. Enfin, quoique, le balaineau commence à s'émanciper et du coup fait des aller-retours entre la surface et les mamelles de sa génitrice. Il consommera jusqu'a 400l de ce breuvage par jour. Décidément tout est démesuré chez ce mammifère et il prendra jusqu'à 50kg par jour! Le spectacle est stupéfiant, magique, jamais nous n'aurions pu imaginer une telle harmonie. Nous sommes cinq freedivers, en observations les un des autres... cinq, oui, car la baleine étant un mammifère elle pratique donc aussi de l'apnée. Lors d'une de mes descentes, elle ouvre les yeux, me toise du regard, m'accepte puis les referment, signe de confiance! Je comprend à ce moment que ces animaux ne sont pas communs, ils sont intelligents, j'ai eu l'impression d'y entrevoir son âme!

Après deux heures, les lèvres pas tout à fait bleues, nous ressortons de l'eau, des étoiles pleins les yeux et revenons sur terre.
- Ahhhh c'était superrr, t'as vu elle est restée là comme ça tranquille, on a dû faire au moins une heure dans l'eau avec elle. Et la séance freedive superrr, merci!
Ce sera la remarque d'Hervé à notre retour sur le bâteau. Je ne suis pas certain de saisir à quel point cet homme est passionné! Il fait ça tous les jours depuis 10 ans, la nuit il surveille un internat pour enfants difficiles, et il est tellement content d'emmener des touristes découvrir ces cétacés à 8h du matin. Comment fait-il!!?

Nous serons tellement heureux de l'expérience vécue que nous ferons trois sorties supplémentaires avec Hervé... toutes difflrentes, toutes plus belles les unes que les autres. Cette expérience sera un rêve éveillé au Paradis.