Day 312: Copacabana & Isla del Sol

Yvonne on the Go:

J’arrive au cimetière de La Paz, à la recherche d’un bus pour Copacabana. Endroit où je passerai deux nuits pendant que mon autre moitié attaque sa première ascension: Le Huayna Potosí, qui pointe à 6088m (voir ici pour l’article). Un bolivien me dirige vers un bus moyennement entretenu sur lequel est écrit «Bolivia Magíca» en lettres colorées. En effet, le trajet en bus est assez magique: Il nous faut environ une heure pour sortir de La Paz en passant par la ville adjacente encore plus grande nommée «El Alto». C’est une ville à part entière où le chaos semble régner dans les rues. Son organisation routière est particulièrement intéressante: Après quelques dizaine de mètres de route bitumé, le bus cahote pour quelques minutes sur une piste pierreuses et poussiéreuse avant de tout de suite devoir tourner à gauche, effectivement, le chemin se termine brusquement. Ensuite, après une déviation sur des petits chemins concassés, nous nous retrouvons à nouveau sur une belle route asphaltée – qui s’arrête après 150m… et rebelote!? S’il n’y a pas de pierres qui bloquent le chemin, afin d’informer le conducteur qu’il doit choisir un autre passage, ce sont le nombre de « desvíos », déviations, qui est hallucinante. On dirait presque que nous passons plus de temps sur des déviations que sur la véritable route tout en sachant que le trajet de La Paz à Copacabana dure environ quatre heures.

Encore à El Alto, nous passons des vendeurs de rues, des « agencias de pollo » proposant du poulet frais (quand-même, quel nom :-) !), des taximen fous et des colectivos décorés, suite aux festivités du 6 août, el día de la independencia boliviana. Ces minibus représentent environ 70% de tous les véhicules sur les routes embouteillées de cette ville curieusement appelée «La Paix». Deux ans auparavant, des lignes de «télécabines» se sont ajoutées au système de transport public pour raccorder les différentes parties de la ville par voie aérienne. Un projet prometteur qui est encore en croissance avec plusieurs lignes prévues.

Une fois à Copacabana, je me balade un peu dans le tohubohu du village qui brille dans les rayons de soleil et à presque 4000m d’altitude, autant dire qu’ils sont intenses. Le coin est très touristique, mais ce qui me surprend est la provenance des touristes: je ne vois que très peu de ‘gringos’, cependant énormément de péruviens et boliviens qui profitent d’un week-end au lac Titicaca. Le highlight de la journée: les péruviens ayant voyagé jusqu’à Copacabana afin de bénir (quand-même...) leur voiture.

Je me balade durant deux à trois heures le long de la rive de ce lac parmi le plus grand, profond et élevé du monde. J’essaie de non seulement comprendre cette célébration étrange mais aussi de capturer quelques impressions avec mon appareil photo. Pendant que je me faufile de voiture en voiture, les familles et leurs amis étant venus de l’autre côté de la frontière, cependant très proche, décorent leurs véhicules / taxis / bus / colectivos avec des guirlandes, des pompons, des figurines ou encore de petites représentations en carton de leurs maisons.

Une fois que tout le comité de fête est prêt, un «prêtre pour voiture» est appelé. Il murmure quelques paroles en quechua avant d’officiellement bénir le véhicule. Si disponible, ensuite il encens le pourtour ainsi que l’intérieur de la voiture et même le capot est soulevé afin d’encenser le moteur. Puis finalement, une bouteille de «espumante» (vin pétillant) de vin, de bière ou encore une boisson sucrée est ouverte afin d’en asperger la voiture de haut en bas, du devant à l’arrière, le tout jusqu’à la dernière goutte. Ne manque que les confettis qui donnent à cette voiture une allure de fêtarde absolue.

Une fois la cérémonie terminée en beauté, tout ce petit monde s’assied à côté de leur chère et tendre ange métallique et profite de plusieurs verres remplis de bière, vin ou spiritueux. D’autant plus qu’il ne faut pas s’inquiéter pour le retour – la voiture ayant été bénie pour l’année, la probabilité d’un accident leur semble définitivement exclue… :-/ ?!

Le lendemain, je découvre la Isla del Sol où je rencontre une globetrotteuse française qui avait étudié un an au Mexique après avoir effectué un stage en Inde – il n’est pas difficile à croire que la conversation est lancée pour un moment. Puis, après ma deuxième et dernière nuit au superbe hostal «La Cúpula» que je me suis offerte, je saute dans un colectivo pour retourner à La Paz. Lorsque je passe le petit canal « Estrecho de Tiquina », où tous les voyageurs ainsi que les véhicules doivent prendre un petit ferry, j’apprends que la veille, un ferry en bois avec son colectivo s’est enfoncé dans les abysses glaciales du canal – y compris son chauffeur…

Suite à cet accident, je dois changer de minibus – les taxista n’osent plus traverser le canal. Dans mon deuxième colectivo, plusieurs femmes sont typiquement habillées à la bolivienne: elles portent chacune plusieurs pulls et couches de vêtements, une robe de couleur pétante et ont fait de leur cheveux noirs et épais deux longues tresses qui sont légèrement connectées avec des pompons traditionnels. Elles portent sur leur tête un chapeau fait de feutre qui leur donne un style très pointu. Plusieurs d’entre elles sont bien rondes et utilisent quasiment une place et demi dans le colectivo ce qui rend le voyage un peu intéressant par moment. Malgré les talents moyens du chauffeur, nous arrivons sans aucun incident à El Alto, d’où je prends un troisième taxi public avant de planer du haut de la ville au centre-ville grâce au télécabine. Puis je compte bien retrouver mon aventurier alpiniste… qu’est-ce qu’il va me raconter…?