Day 324: Atacama & Chuquicamata

Après six jours d’escapade à l’argentine, nous prenons le bus de nuit de Salta à San Pedro de Atacama, petit village du désert chilien portant le même patronyme. Celui-ci est, occasionnellement, aussi l’endroit le plus aride de toute la planète - se plaçant même devant le Sahara africain. Le bus de nuit nous y conduit en presque douze heures, et ceci en passant par la frontière la plus organisée de tout notre voyage depuis le Mexique. Soigneusement, nos passeports y sont examinés, vérifiés, tamponnés et nos sacs radiographiés. Interdiction complète d’importer toute sorte de fruits, légumes ou graines et Yvonne offre, pour la deuxième fois, sa petite réserve de chia aux douanes.

Le village d’Atacama, même si très touristique, nous plaît instantanément avec ses couleurs ocres, ses rues en terre battue, ses petites maisons faite de "adobe". Nous avons choisi de nous loger dans un petit hostel en dehors du centre et nous y rencontrons un français, un coréen et un chilien de Santiago – tous cool, relaxes. Seul hic: vivre dans le "rien" du désert a un certain prix et nous avons réussi à caler notre visite pile au moment de la pleine lune: pas de visite “étoiles” possible. Mais la beauté de l’endroit nous surprend assez pour oublier tout ça.

Après la découverte du petit village, nous partons à la visite des Geysers de Tatio à plus de deux heures de San Pedro de Atacama. Ils se situent pratiquement à la frontière de la Bolivie. Ce que nous n’avons pas considéré lors de notre départ à 4h30 du matin réside dans le fait qu’il fera bien froid à 4’320m. Voire trop froid. Lors de notre arrivée à deux heures plus tard, un vent glacial nous accueille. Le guide nous informe qu’il fait environ -20°C. Euh… pardon ???

Nous ne sommes pas préparés et commençons déjà légèrement à grelotter. Après la première visite des geysers qui ne veulent pas vraiment monter bien haut (ils ont certainement aussi trop froid :-)), nous retournons à notre bus, les pieds gelés et une couverture bien serrée autour de notre corps. Après la deuxième sortie, nos pieds font mal comme après une longue journée de ski et Yvonne décide même de rester dans le bus lors de la dernière visite. Pas besoin de dire que nous renonçons au bain dans la lagune thermale... :-). Cependant, une fois que le soleil commence à toucher les cimes de ses rayons chaleureux, tout change: La nature commence à revivre et nous nous détendons lorsque nos pieds se dégèlent petit à petit…

En fin de journée, nous visitons la Valle de la Luna qui nous surprend avec ses couleurs et formes lunaires, puis nous y admirons le coucher du soleil jetant de longues ombres dans le désert. La soirée se termine finalement dans un petit restaurant où une hawaïenne nous chante des classiques qu’elle accompagne à la guitare.

Après une longue nuit, nous prenons le bus - qualitativement meilleur qu’en Argentine - en direction de Calama à un peu moins de deux heures de route. Nous comptons y visiter la mine de cuivre à ciel ouvert la plus grande du monde: Chuquicamata ou « Chuqui » pour les intimes. Calama est une petite ville ouvrière qui accueille principalement des mineurs et – ce que nous apprenons plus tard – un endroit avec beaucoup de prostitution et de drogues.

Codelco, la Corporación Nacional del Cobre de Chile, qui détient et exploite la mine de Chuqui parmi d’autre est une entreprise détenue à 100% par l’état chilien. En 2015, elle a produit environ 11% du cuivre mondial soit 910'000 tonnes – raison de plus de voir ce géant de nos propres yeux. Inespérément (“liste d’attente”), nous réussissons à nous joindre à la visite du jour qui nous emmène à l’intérieur de ce monstre actif depuis 1914. Un de ses visiteurs emblématique reste Ernesto Guevara, El Che, qui y passe en 1952 lors de son voyage sud-américain de huit mois avec son ami Alberto Granada. Dans le film « diarios de motocicleta », cette visite est décrite comme un point critique de sa prise de conscience politique qui continuera à se développer dans les années à venir.

La visite est assez formatée, à la Codelco, mais reste vraiment intéressante: La mine s’étend à presque 5km de long, 3km de large et 1 km de profond. Les roues des Caex, camions énormes travaillant dans la mine, mesurent 4m de haut et le véhicule peut acheminer jusqu’à 110 tonnes de gravats: des dimensions énormes qui nous font halluciner.

Par la suite, nous faisons une petite halte dans l’ancien village où les mineurs de Chuquicamata ont vécu pendant des années. Après avoir déclaré la zone d’habitation insalubre, un projet de déménagement et de réaménagement fut mis en place. La majorité des habitants déménageront entre 2004 et 2007 dans de nouvelles maisons construites à Calama, à 20 minutes. Puis la zone fut déclarée « industrielle » début 2008.

Après cette escapade dans le monde des matières premières, nous volons à Santiago de Chile, un de nos rares déplacements en avion, qui est étonnamment moins cher que le même trajet en bus. De plus il ne durera que deux heures au lieu de 24h. Les coins sympas ratés suite à ce déplacement rapide seront ajoutés sur notre “to-do-list” de l’Amérique Latine: ça ne sera qu’une raison pour revenir :-)...